Du changement dans les forêts du Grand Sud ?

L’OEIL vient de publier les résultats du programme DYNAMIC sur la dynamique forestière de 2004 à 2014, fruit d'une collaboration entre l'IRD, l’IAC et le CIRAD

Les forêts tropicales humides sur roches ultramafiques (ou sols nickélifères) en Nouvelle-Calédonie ont été largement exploitées depuis l’arrivée de l’homme, entrainant une réduction de leurs superficies au cours des dernières décennies et un processus de fragmentation. Comment évaluer l’étendue des forêts et leur évolution de façon efficace, reproductible et pérenne ? Une équipe de l’IRD en collaboration avec l’IAC, le CIRAD a développé une méthode d’observation innovante, dans le cadre du projet DYNAMIC, financé par l’OEIL.

Les travaux ont porté sur la concession accordée à l’entreprise minière Vale-NC qui s’étend sur 118 km² de surface. L’analyse écologique des résultats issus du projet DYNAMIC a permis de quantifier les effets des perturbations survenues sur la décennie 2004 à 2014. Elle les replace dans un contexte plus ancien avec une évolution qui remonte aux années 1950 (avant l’exploitation minière).

Des fragments forestiers isolés

Comme supposé dans un précédent projet (CoRiFor), une dynamique de contraction des lisières, ces limites entre la forêt et d’autres milieux, comme les prairies, est observée. Elle entraine un isolement progressif des fragments forestiers pouvant conduire à une disparition totale de la surface sylvicole. En effet, la perte de la superficie forestière est estimée à environ 10,5 km², soit environ 9 % de la superficie totale étudiée, sur la décennie étudiée. Le phénomène de régression augmente pour passer de 0,63 km²/an entre 2004 et 2012 à 1,67 km²/an entre 2012 et 2014. Ces disparitions entrainent ainsi une diminution du nombre de patchs forestiers connectés de 54,32 % sur la décennie.

Le projet DYNAMIC analyse et mesure l’étendue et la dynamique des surfaces forestières en utilisant des méthodes innovantes basées sur l’exploitation d’images satellitaires à très haute résolution spatiale (maillage de 0,25 m² vu du ciel). Ces méthodes novatrices permettent de caractériser le couvert végétal défini par sa structure (densité, homogénéité, autocorrélation spatiale des espèces qui composent une forêt), de suivre les évolutions des patchs forestiers dans le temps et d’analyser les connectivités entre ces fragments forestiers.

Des méthodes innovantes

Ces méthodes, reproductibles, déterminent notamment la probabilité qu’un couvert végétal possède une structure correspondant à une forêt en exploitant la notion de gradient forestier plutôt qu’une catégorisation binaire (forêt/non forêt). L’analyse par les images satellites est corrélée aux données collectées sur le terrain lors de missions exploratoires au cours desquelles les botanistes inventorient les espèces observées dans les patchs forestiers et leurs positions dans le continuum forêt/non forêt. Ces données permettent de calibrer le modèle diagnostic émanant du projet DYNAMIC.

La robustesse de la méthode aux modifications radiométriques (gestion des biais possibles entre ce que captent les images satellites et la réalité du terrain) permet d’étudier la dynamique de la fragmentation forestière dans la zone de Goro, en comparant les résultats obtenus à partir des images satellites datant des années 2004, 2012 et 2014. 

Il en ressort que la fragmentation des habitats forestiers affecte les communautés végétales en réduisant la connectivité entre certaines populations, ce qui induit des effets sur les diversités floristiques, biologiques et génétiques. Enfin, ce projet incite à une réflexion globale sur l’enjeu important de limiter ces dégradations au travers d’une vision expansive plutôt que conservationniste. 

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