Suivi symptomatologique de la forêt Nord

image d'archive © OEIL / M. Juncker

Le 25 mai 2021, alors que les vents soufflaient en provenance du sud-ouest, un pic de dioxyde de soufre a été relevé lors du redémarrage de l’usine d’acide sulfurique de Prony Resources. Cet incident a impacté une zone de maquis d’environ trois hectares dont une partie est localisée dans la réserve naturelle provinciale de la Forêt Nord, située à l’est de l’usine. Une première évaluation symptomatologique a été réalisée par l’équipe de botanistes de Prony Resources début juin 2021.

Dans le cadre de ses missions de surveillance et d’information, l’OEIL a sollicité le bureau d’études Bota Environnement, spécialisé en écologie des environnements terrestres, afin de réaliser son propre diagnostic sur la végétation en juillet 2021.

 

OBJECTIFS

  • Identifier le périmètre impacté.
  • Lister les espèces touchées.
  • Définir et mettre en œuvre sur le terrain un protocole de suivi permettant d’évaluer l’impact du dioxyde de soufre sur la végétation et sa reprise ultérieure.

 

MÉTHODE

L’OEIL s’est tout d’abord rendu sur le terrain accompagné de son prestataire et des botanistes de Prony Resources afin d’identifier les limites du périmètre impacté et de déterminer la liste des espèces présentant des symptômes caractéristiques d’une atteinte au dioxyde de soufre. Par ailleurs, un dispositif de suivi des impacts et de la reprise de deux espèces particulièrement sensibles au dioxyde de soufre a été mis en place par Bota environnement sur deux zones fortement impactées.

 

COLLABORATION

  • Prestataires : Bota environnement, JIDAI
  • Partenaires : Prony Resources, Scal’Air

 

RÉSULTATS

Sur le périmètre impacté
 

Mission de juillet 2021

Cette première mission de prospection a permis de conclure sur :

  • L’existence de zones relativement sévèrement impactées par les symptômes foliaires liés au SO2 atmosphérique (nécroses et défoliation), situées à l’est de l’usine sur la bande de végétation de maquis arbustif semi ouvert longeant la route d’accès à l’usine et sur le maquis arbustif ouvert le long du drain en lisière de la réserve de la Forêt Nord ;
  • Le fait que la zone de marquis arbustif haut et dense la plus éloignée de l’Usine est moins impactée que la zone de maquis arbustif ouvert proche de l’Usine. Ce différent degré d’impact pourrait s’expliquer par la différence de sensibilité des cortèges floristiques et/ou par une éventuelle diminution de la concentration de SO2 en fonction de la distance à la source.

Mission de mai-juin 2022

Cette seconde mission de prospection a permis de conclure sur :

  • Un périmètre impacté allant au-delà des limites estimées par PRNC en juin 2021 ;
  • Une reprise constatée sur l’ensemble de la zone.

 

Sur les impacts sur les espèces
 

Mission de juillet 2021

La liste des espèces touchées par symptômes foliaires à l’est de l’usine produite par Bota Environnement, qui recense 26 espèces, est très similaire à celle des botanistes de PRNC. Les espèces les plus sévèrement touchées appartiennent au genre Codia (Codia discolor et Codia spatulata), espèces très fréquentes dans les maquis de la partie basse du secteur impacté. Ces deux espèces sont classées LC (Préoccupation mineure) selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) car très répandues sur les latérites en Nouvelle-Calédonie. Aucune mortalité sur les individus touchés par l’épisode du 25 mai 2021 n’a été observée.

Mission de mai-juin 2022

A l’issue de la seconde mission de terrain, aucune nouvelle espèce n’est venue se rajouter à la liste des espèces considérées comme impactées par l’incident au SO2 du 25 mai 2021.

 

Sur les transects
 

Mission de juillet 2021

L’étude des paramètres du protocole de suivi de l’impact du SO2 atmosphérique sur la végétation montre que les individus de Codia suivis sont, dans une très large majorité, touchés par des symptômes de dépérissement liés au SO2 (76 % d’individus suivis avec une défoliation et 88 % d’individus suivis avec des symptômes foliaires de SO2). Ce dépérissement n’a cependant entraîné la mort d’aucun individu sur les transects de suivi.

Il semble que les individus suivis du transect 2 aient été davantage impactés que ceux du transect 1 au regard de l’indice de défoliation (64% des individus du transect 1, contre 97% des individus du transect 2) et de l’indice de présence/absence de jeunes feuilles (25% des individus du transect 1 possèdent des jeunes feuilles, contre seulement 14% des individus du transect 2), et ce malgré la position du transect 2, plus éloignée de 100 m de l’usine d’acide. L’état physiologique des individus et l’exposition en zone plus ouverte du transect 2 sont peut- être à l’origine des différences observées.

Mission de mai-juin 2022

Un an après l’épisode de pollution au SO2, il est constaté une baisse du nombre d’individus présentant des symptômes foliaires et de la défoliation (72 % d’individus suivis avec une défoliation et 63 % d’individus suivis avec des symptômes foliaires de SO2), signe d’une amélioration de la situation.

Un deuxième constat encore plus encourageant que le précédent est l’apparition de jeunes feuilles et bourgeons, donc d’une reprise, sur une très forte proportion des individus (90%). Par ailleurs, il est important de signaler que les 10 % d’individus ne manifestant toujours pas de signe de reprise n’étaient pas concernés par des impacts sévères liés au SO2 en 2021 et 2022, ce qui laisse entendre que cette absence de jeunes feuilles/bourgeons est indépendante de l’épisode de pollution au SO2 du 25 mai 2021.

 

Discussions au regard du fonds documentaire

La réflexion menée au regard du dépérissement sous le vent de l’usine semble confirmer que la végétation parviendrait à reprendre une activité biologique normale dans le cas d’absence de nouvelle perturbation.

La réflexion menée au regard des tests de fumigation, du suivi par télédétection et du suivi de la qualité de l’air n’a donné lieu à aucune conclusion. Les résultats de ces différentes études se révèlent en effet difficilement comparables à ceux obtenus par Bota Environnement dans le cadre de cette étude.

 

>> Consulter le rapport complet <<


A l’issue de cette étude, un certain nombre de recommandations ont été émises pour améliorer le dispositif de surveillance actuel des impacts du SO2 atmosphérique sur la végétation alentours.
 

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