Les coraux auscultés par des scientifiques

Une équipe intitulée « Coraldiseases », constituée de trois chercheurs et d’un biologiste, a réalisé en 2010 la première étude des maladies coralliennes dans le lagon de Nouvelle-Calédonie grâce à un budget du CRISP. Revenus en 2013 avec un financement IFRECOR pour assurer le suivi de leurs observations et analyser l’évolution de l’état de santé des coraux, ils nous livrent leurs résultats.

Le corail est un animal sensible ! Depuis plusieurs années, les maladies coralliennes s’amplifient dans l’Océan Indo-Pacifique. Les causes de ces maladies sont multiples : champignons, parasites, virus, bactéries ou changement des facteurs environnementaux comme l’augmentation de la température. Les principaux symptômes sont la perte de tissus, la décoloration ou l’apparition d’anomalies de croissance.

Diagnostic

Et pour faire un premier état des lieux des maladies coralliennes en Nouvelle-Calédonie, il a fallu constituer une équipe avec des compétences complémentaires et un savoir-faire non seulement sur le terrain (sous l’eau pour identifier et prélever) mais aussi en laboratoire (pour analyser les échantillons).

L’équipe s’est ainsi constituée avec :

  • Aline Tribollet (chercheuse à l’IRD, chef de mission et experte en microflores perforantes),
  • Grégory Lasne (expert en taxonomie corallienne, société Biocénose marine SARL),
  • Greta Aeby (spécialiste des maladies coralliennes à l’Institut hawaïen de biologie marine),
  • et Thierry Work (expert de la mortalité des animaux sauvages de l’US Geological Survey à Hawai).

Sur 12 sites répartis dans tout le lagon calédonien, les experts ont identifié les coraux, étudié la structure des communautés coralliennes, noté les symptômes, pris des photos et effectuer des prélèvements pour étudier au microscope des tissus et des squelettes coralliens.
Au final, les coraux apparaissaient en relative bonne santé même si plus d’une vingtaine de maladies-lésions ont été observées sur plus de 90 % des récifs étudiés sur les sites observés.

On trouve près de 400 espèces de coraux
en Nouvelle-Calédonie.
Des maladies indicatrices de l’état de santé du milieu

Pour évaluer l’état de santé du milieu marin, il existe des paramètres révélant différents indices : ce sont des indicateurs. Par exemple, la concentration en chlorophylle A contenue dans les microalgues aquatiques (phytoplancton) donne une idée globale des apports en nutriments dans le milieu (permettant d’évaluer l’efficacité d’une station d’épuration par exemple).

Les coraux, eux, intègrent les conditions environnementales à court et à long terme. Ils sont sensibles aux variations des conditions environnementales, constituant ainsi des « sentinelles avancées » pour détecter les effets des perturbations (naturelles ou liées à une action de l’Homme).

Dans les suivis environnementaux effectués par l’industriel Vale Nouvelle-Calédonie ou par l’OEIL, les scientifiques mesurent déjà sur plusieurs stations le recouvrement corallien (le pourcentage de la surface étudiée recouvert par des coraux) et l’abondance corallienne (le nombre de colonies coralliennes par genre ou espèce et par unité de surface) qui constituent de bons paramètres pour établir l’état écologique du milieu récifal. Les découvertes récentes de l’équipe « Coraldiseases » suggèrent que les maladies coralliennes pourraient être des indicateurs complémentaires.

Les coraux sont des animaux constitués de colonies de polypes. Les polypes contiennent des algues : en échange d’un abri, les algues fournissent aux polypes de l’énergie et de l’oxygène grâce à la photosynthèse. Cette association à bénéfice réciproque est une symbiose.

Pour en savoir plus…

Dans les coulisses des missions de surveillance de l'OEIL : Surveillance du Grand lagon Sud (avril 2012, 6 minutes)

Sources

Séminaire scientifique sur les maladies coralliennes, 2013, IRD

Guide pour le suivi de la qualité du milieu marin, en Nouvelle-Calédonie, 2011, Zonéco

Boite à outils

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