La grande originalité des conditions édaphiques offertes par les milieux serpentiniques néo-calédoniens ont contribué au développement d'une faune et d'une flore hautement diverse et endémique. Ces conditions sont également responsables pour la flore d'une résistance à l'anthropisation et aux invasions biologiques : il n'y a pas d'implantations durables d'espèces végétales exogènes sans concours de l'homme. A partir des observations botaniques (faible productivité donc faibles ressources trophiques, toxicité d'une partie de la végétation), on a longtemps estimé que les milieux ultrabasiques offraient également une résistance naturelle contre l'envahissement par les espèces pionnières animales. Toutefois, une étude récente des communautés de fourmis, par pots de Barber ("pitfall traps"), dans le grand massif péridotitique du Sud, a permis de montrer un envahissement aussi bien des zones anthropiques que des maquis ultrabasiques et des forêts denses humides par des fourmis exotiques. Les espèces suivantes ont notamment été rencontrées : #Wasmannia auropunctata$, #Anoplolepis longipes$, #Paratrechina longicornis$, #Tapinoma melanocephalum$ et #Pheidole megacephala$ (cette dernière uniquement observée pour l'instant en zone anthropique). Or, ce sont toutes des fourmis vagabondes ("tram species"), reconnues pour leur tendance anthropophile. Pour chacune d'elles, plusieurs travaux dans différentes régions du monde ont déjà souligné leur caractère opportuniste et pionnier ainsi que leur grande agressivité prédatrice, avec tout un cortège de conséquences néfastes pour les faunes natives. Ces observations soulignent la fragilité de ces milieux et l'urgence des mesures de conservation à prendre pour préserver leur extraordinaire biodiversité. Pour sélectionner des aires prioritaires à conserver, la structure des communautés de fourmis semble un indice biologique efficace pour qualifier l'intégrité d'un milieu. (Résumé d'auteur)