Dans les années quatre-vingt, la Nouvelle-Calédonie fut le théâtre de sanglants affrontements entre indépendantistes (Kanaks principalement). En 1988, les accords de Matignon rétablirent la paix sociale et civile et découpèrent le territoire en trois provinces : Nord, Sud et Iles Loyauté, dotées chacune de toutes compétences en matière de développement. Nouvelle collectivité territoriale, la province des Iles Loyauté mit dès lors en oeuvre une "politique ruraliste" visant à développer ses zones rurales. Mais les habitants de Maré, l'une des autres îles Loyauté, tout en valorisant une "ruralité" dont ils ont fait un symbole de leur identité, adoptent des stratégies transversales à ces nouveaux découpages politiques. Les tentatives des "développeurs" pour induire, localement, des dynamiques économiques productives se heurtent ainsi aux stratégies de pluri-activité et de mobilité des Maréens, ainsi qu'à l'usage qu'ils font de l'argent. Des processus de monétarisation se sont en effet développés, non pas dans des entreprises économiques, mais au sein de la parenté, au coeur d'une "coutume" présentée pourtant comme étrangère à l'argent. (Résumé d'auteur)